La blockchain : quel impact, quelle évolution ?
- Michel Louis
- 27 déc. 2024
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 juin

Introduction
La technologie de la blockchain est souvent décrite comme l'une des innovations les plus révolutionnaires du jeune 21e siècle, ni plus, ni moins !
Initialement associée, voire confondue avec la cryptomonnaie Bitcoin, la blockchain a depuis gagné ses lettres de noblesse dans d'autres secteurs allant des finances à la santé, en passant par les chaînes d'approvisionnement et les services publics.
Cet article explore l'historique de la blockchain, ses fondements technologiques et son impact croissant sur diverses industries.
Historique de la blockchain
Les prémices des années 1990
Bien avant l'apparition du Bitcoin, les bases théoriques de la blockchain étaient en cours de développement chez Bell Communication Research, un laboratoire américain à la pointe des nouvelles technologies de cette époque. En 1991, les chercheurs Stuart Haber et W. Scott Stornetta eurent l'idée d'une chaîne sécurisée de blocs cryptographiques pour la première fois.
Ensuite, les deux hommes publièrent un article décrivant une méthode pour horodater les documents afin qu'ils ne puissent pas être antidatés ou manipulés, de quelque façon que ce soit.
C'était l'une des premières tentatives pour créer un registre informatique immuable, base de la blockchain actuelle.
La naissance du bitcoin : 2008-2009
L'histoire publique de la blockchain débute véritablement en 2008, avec la publication du livre blanc nommé "Bitcoin: a Peer-to-Peer Electronic Cash System" par une personne, ou un groupe de personnes, connues sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto.
À noter qu’actuellement, on ignore toujours l’identité réelle du ou des auteurs de ce livre, ni ce qu’ils sont devenus…
En fort résumé, ce document détaillait un système de monnaie numérique décentralisée, sans autorité régulatrice, basé sur une technologie de registre distribué : la blockchain, et bien sûr, personne ou presque ne croyait à son possible succès.
En janvier 2009, le premier bloc de la blockchain Bitcoin, connu sous le nom de "bloc de genèse", a été produit (miné dans le jargon crypto) par Nakamoto, marquant le lancement officiel du réseau Bitcoin.
Ce premier bloc contenait un message encodé faisant référence à un titre du Times paru le 3 janvier 2009, soulignant la motivation de Nakamoto à créer une alternative au système financier traditionnel.
L'expansion : 2010-2014
Au cours des années suivantes, le Bitcoin a progressivement gagné en popularité, surtout chez les geeks, car sa production (le minage) nécessitait du matériel informatique performant, et de solides connaissances logicielles.
En 2010, la première transaction commerciale utilisant le bitcoin eut lieu lorsqu’un programmeur échangea 10 000 bitcoins (…) contre deux pizzas, une transaction qui serait aujourd’hui évaluée à plusieurs centaines de millions de dollars !
D'autres cryptomonnaies ont commencé à émerger, inspirées par le succès de Bitcoin. Litecoin, par exemple, a été lancé en 2011 par Charlie Lee, un ancien employé de Google, avec l'objectif de créer une version plus rapide et plus légère du Bitcoin.
Beaucoup d’autres cryptomonnaies ont vu le jour depuis (beaucoup aussi ont disparu) certaines avec la nécessaire ambition de concurrencer le Bitcoin en utilisant des blockchains moins énergivores, et encore plus décentralisées.
La diversification des applications : 2015-2017
L'arrivée d'ethereum
En 2015, la blockchain a franchi une nouvelle étape avec le lancement d'Ethereum par Vitalik Buterin, un talentueux informaticien russo-canadien cofondateur de "Bitcoin magazine."
Ethereum 1.0 a introduit le concept de "contrats intelligents", des programmes autonomes qui s'exécutent automatiquement lorsque des conditions prédéfinies sont remplies.
Cette innovation a ouvert la voie à une multitude de nouvelles applications décentralisées (dApps) et a permis à la blockchain d'aller au-delà des simples transactions financières.
La montée des ICOs
Entre 2016 et 2017, les Initial Coin Offerings (ICOs) sont devenus un moyen populaire pour les startups de lever des fonds. Les ICOs permettaient aux entreprises de collecter des capitaux en émettant des tokens numériques aux investisseurs, souvent basés sur la blockchain Ethereum.
Bien que de nombreuses ICOs aient réussi à lever des millions de dollars, cette période a également été marquée par beaucoup d'arnaques, ce qui a conduit à une réglementation accrue, mais aussi à une grande méfiance envers ces innovations.
Adoption institutionnelle et réglementations : 2018-2023
À partir de 2018, les grandes entreprises et institutions financières ont commencé à montrer un intérêt croissant pour la blockchain. Des géants comme IBM, Microsoft, Visa et J.P. Morgan, notamment, ont lancé leurs propres projets blockchain ; ils explorent des cas d’utilisation dans la gestion de la chaîne d’approvisionnement, les paiements transfrontaliers et la gestion des identités, pour ne citer que ces applications…
Renforcement des régulations
Avec l'augmentation de l'usage de la blockchain et des cryptomonnaies, les régulateurs du monde entier ont commencé à prêter plus d'attention à ces technologies novatrices, pour ne pas dire de rupture. Des cadres réglementaires ont été mis en place pour assurer la protection des investisseurs et prévenir les activités illicites.
Par exemple, en 2020, l'Union européenne a proposé la réglementation sur les marchés des crypto-actifs (MiCA) pour harmoniser les règles à travers ses États membres.
Les innovations récentes et l'avenir de la blockchain
Les NFT et le métavers
Récemment, l'émergence des tokens non fongibles (NFTs) et du métavers, de même que l’intérêt démesuré pour ce dernier, a attiré une attention considérable sur ces nouvelles utilisations de la blockchain.
Rappelons que les NFTs permettent de représenter la propriété numérique d'objets uniques sur la blockchain, allant des œuvres d'art aux biens immobiliers virtuels.
Outre la finance, ces innovations montrent la capacité de la blockchain à transformer diverses industries, y compris l'art, les jeux vidéo et l'immobilier.
Des défis et des opportunités
Malgré ses indéniables succès, la technologie blockchain fait face à plusieurs défis majeurs, même s'ils ne sont pas de tous de sont fait :
Les problèmes de consommation énergétique trop élevée (Proof of Work du Bitcoin, notamment).
Une instabilité chronique, pas de la technique, mais des cryptomonnaies qui l'utilisent
Un anonymat caractéristique qui contrarie la réglementation, ce qui peut aussi être un avantage.
Toutefois, des développements continus, comme les blockchains à preuve d’enjeu (Proof of Stake) d’Ethereum 2.0, ou encore le consensus Proof of Space and Time (preuve de l’espace et du temps) de l’entreprise américaine Network avec sa crypto « verte » XCH, sont moins énergivore et démontrent un potentiel intéressant pour réduire certains « défauts de jeunesse » de la blockchain initiale de Nakamoto.
Conclusion
Bien qu’encore relativement récente, la technologie de la blockchain a déjà parcouru un long et tortueux chemin depuis ses origines dans les années 1990.
De ses débuts aussi modestes qu'épiques avec le Bitcoin, à son adoption par les grandes entreprises et les institutions, la blockchain continue de transformer les paradigmes traditionnels en ouvrant de nouvelles possibilités, et tout indique que ce n'est qu'un début…
Qui eût cru qu’un « simple » registre numérique public sécurisé, infalsifiable et décentralisé, allait devenir l’une des bases mondiales de la traçabilité numérique et, accessoirement, le support de milliers de cryptomonnaies...
... Cryptomonnaies qui, pendant un temps du moins, ocultèrent un progrès décisif dont les échanges numériques vont tirer profit, particulièrement en termes de sécurité informatique des transactions.




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