Le cloud souverain suisse

Un cloud national sécurisé, une nécessité !

Introduction

Devisé à 320 millions de CHF, le projet du cloud souverain suisse, pendant de l’IA souveraine, représente une initiative ambitieuse visant à garantir la souveraineté numérique de la Confédération, du moins au niveau du stockage physique de ses données.

Un tel projet, qui répond aux besoins croissants de sécurité et de protection des données, s’inscrit dans un contexte mondial de transformation numérique rapide et de préoccupations accrues (et plus que justifiées) concernant la confidentialité des informations sensibles d’un État.

Origines et motivations

La genèse du projet de cloud souverain suisse remonte à plusieurs années, motivée par l’augmentation des cyberattaques et des scandales de fuites de données, la Suisse a ressenti la nécessité de renforcer ses infrastructures numériques.

Les motivations derrière ce projet incluent notamment :

• Protection des données sensibles : assurer que les données critiques des citoyens, des entreprises et des administrations publiques soient protégées contre les accès non autorisés.

• Souveraineté numérique : garantir que les données suisses restent sous juridiction suisse, sans dépendre de fournisseurs étrangers pouvant être soumis à des lois extraterritoriales.

• Fiabilité et résilience : offrir une solution de cloud robuste et résiliente aux différentes menaces cybernétiques.

• Indépendance, notamment en matière de prix et de conditions d'utilisation.

Les acteurs

Le projet de cloud souverain implique la collaboration de plusieurs acteurs clés, incluant des institutions publiques, des entreprises technologiques suisses et des experts en cybersécurité.

Parmi les principaux acteurs, on retrouve :

• Le gouvernement suisse qui, par l’office fédéral de l’informatique et de la télécommunication (OFIT) jouera un rôle central en définissant les exigences et les standards de sécurité pour le cloud souverain.

• Des entreprises technologiques suisses, telles que Swisscom et d’autres partenaires locaux d’envergure, qui contribuent au développement et à la maintenance de l’infrastructure cloud.

• Les instituts de recherche, notamment les universités, qui fournissent une expertise scientifique et technologique pour garantir l’efficacité et l’innovation du projet.

Les caractéristiques du cloud souverain suisse

Le cloud souverain suisse, « Swiss Governement Cloud » , comme il est nommé sur le site de la confédération, se distingue par plusieurs caractéristiques essentielles qui assurent sa fiabilité et sa sécurité :

• Localisation des données : toutes les données stockées dans le cloud souverain restent sur le territoire suisse, évitant ainsi les risques liés aux lois extraterritoriales et aux accès non autorisés par des entités étrangères.

• Normes de sécurité élevées : le cloud est conçu selon les standards les plus stricts en matière de cybersécurité, incluant des protocoles de chiffrement avancés et des mécanismes robustes de contrôle d’accès.

• Transparence et contrôle : des mécanismes de surveillance et d’audits réguliers sont en place pour garantir la conformité aux régulations et aux standards de sécurité.

• Flexibilité et évolutivité : le cloud souverain est conçu pour s’adapter aux besoins croissants des utilisateurs, offrant des solutions personnalisées pour diverses industries et administrations.

Enjeux

Comme tout projet ambitieux, le cloud souverain suisse fait face à plusieurs défis, mais il offre également des perspectives prometteuses :

• Coûts élevés : le développement et la maintenance d’une infrastructure cloud de haute sécurité nécessitent des investissements considérables.

• Compétition internationale : faire face à la concurrence des géants technologiques mondiaux qui dominent le marché du cloud, et qui assurent aujourd’hui partiellement les services numériques de la confédération.

• Adoption par les utilisateurs : encourager les entreprises et les administrations à migrer vers le cloud souverain, en démontrant ses avantages en matière de sécurité, d’indépendance et de performance.

• Tenir les délais, déjà très longs, pour la mise en œuvre du projet.

Perspectives

• Le succès du projet renforcerait la souveraineté numérique de la Suisse et pourrait ouvrir la porte à d’autres projets numériques cruciaux, comme la création d’une IA souveraine.

• Innovation technologique : la collaboration entre les entreprises technologiques et les instituts de recherche suisses pourrait aboutir à des innovations majeures dans le domaine de la cybersécurité et du cloud computing.

• Confiance accrue : en assurant une protection optimale des données, le cloud souverain suisse pourrait renforcer la confiance des citoyens et des entreprises dans les solutions numériques locales.

Conclusion

La réalisation d’un cloud national suisse représenterait une réelle avancée vers une forme de souveraineté numérique, au moins pour le stockage des données sensibles.

Pourtant, l’un des problèmes principaux reste la donnée temporelle, un travers bien connu des projets suisses : le Swiss Governement Cloud est prévu pour être mené à bien en sept ans, de 2025 à 2032... C’est long, trop long, particulièrement au regard du domaine concerné, où les paradigmes peuvent basculer en quelques mois...

Il est loin le temps où, dans le même laps de temps ou presque, on pouvait construire en Suisse un gigantesque barrage comme celui de la Grande Dixence, centrales électriques comprises…

Malgré cela, le succès de ce projet pourrait non seulement renforcer la Suisse sur la scène internationale en matière de cybersécurité, mais également servir de modèle pour d'autres nations cherchant à garantir leur propre souveraineté numérique : c'est tout le mal qu'on lui souhaite !